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La ligne claire : suite du projet présenté par Gérard Collomb


Un monde Nouveau
Car c’est bien un monde nouveau dans lequel nous vivons aujourd’hui, un monde qui n’a plus qu’un rapport lointain avec celui dans lequel nous avons vécu jusque dans les années 70-80.
Il a connu en effet trois grands chocs qui l’ont totalement transformé :
- Des révolutions scientifiques : nouvelles technologies de l’information et des communications, bio et nanotechnologies nous ont fait rentrer dans un nouveau format historique qui a bouleversé l’ensemble de nos repères à l’espace, au temps et même au vivant :
avec une accélération induite par les NTIC dans tous les autres champs de la science,
avec un rétrécissement de l’espace qui fait que nous vivons aujourd’hui dans un seul et même monde,
avec un changement de la nature même du vivant permis par les manipulations génétiques.

- Une globalisation dans laquelle de nouvelles forces sont apparues :
avec des multinationales qui ont dépassé les états et déployé leur projet économique au niveau du monde entier,
avec l’apparition de fonds de pension et de fonds souverains qui sont devenus les premiers investisseurs contribuant à la volatilité financière qui fragilise aujourd’hui le système économique mondial,
mais surtout avec l’émergence sur la scène internationale de nouveaux pays qui bouleversent l’équilibre du monde.

En 90, après la chute de Berlin et la fin du communisme, on nous annonçait la fin de l’histoire, les faits avaient tranché, le capitalisme et l’occident avaient gagné. On ne séparait pas alors ces deux termes.

Aujourd’hui de nouvelles puissances sont apparues qui n’ignorent rien du capitalisme, y compris financier, alors que l’occident semble hésiter entre deux systèmes de pensée : régler tous les problèmes par la force (Etats-Unis) ou bien se payer de mots sans pouvoir peser sur la scène internationale (Europe).
La victoire sur « le péril communiste » a vécu et d’autres périls menacent : terrorisme islamique, incapacité à trouver les bases d’une entente commerciale, mouvements spéculatifs des fonds de pensions ou des fonds souverains.

- L’émergence de l’urgence écologique : la montée en puissance de notre système productif étendu aux pays émergents a abouti à un phénomène unique dans l’histoire des hommes : depuis les années 50, l’impact de nos activités sur la biosphère devient suffisamment massif pour en dérégler les grands mécanismes régulateurs. Il se produit des dégradations globales que nous ne savons réparer. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère que le sociologue André Micoud appelle le « moment écologique » : celle de la gestion et de la régulation du vivant où la question de la vie devient la question majeure, où nous devons changer de vision quant à notre rapport au monde pour passer d’un système à un autre où l’homme est maître et possesseur de la nature où il n’est qu’un vivant parmi les vivants, responsable des conditions de tous.

Cette fin d’un monde ancien, qui s’incarna largement dans le monde des Trente Glorieuses, nous inspire aujourd’hui encore beaucoup de nostalgie. Pourtant aujourd’hui il est définitivement périmé.

Nous avons vu sa chute s’incarner dans nos territoires. Ce fut la fermeture de nos entreprises victimes d’un modèle industriel vieilli ou de la concurrence des pays émergents.

Nous avons vu l’Etat devenir de moins en moins capable de réguler une économie qui s’internationalisait.

Nous avons vu notre système d’état providence se gripper peu à peu et perdre de son caractère opérationnel.

Nos villes, nos territoires en ont longtemps porté les cicatrices !
Mais nous savons aussi que si l’on peut regretter cette époque, on n’y reviendra pas et qu’il nous faut donc redéfinir ce que peut être aujourd’hui une politique de gauche :
- dans une économie mondialisée.
- dans un monde désormais fini où l’homme est désormais responsable de l’avenir des générations futures.

Il nous faut le faire en ouvrant un large débat parmi les socialistes et leurs sympathisants.
Il nous faut le faire en prenant enfin en compte les analyses d’intellectuels qui depuis des années tentent de nous alerter sur la voie à suivre pour réduire la dette publique, aborder avec lucidité le problème des retraites, du vieillissement de la population ou encore la question du réchauffement climatique.
Dans cette redéfinition, nous entendons rester fidèles aux valeurs qui fondent le socle du Parti Socialiste : celle du progrès, de la justice sociale et de l’épanouissement de la personne humaine. Il s’agit toujours pour nous comme l’avait dit Jaurès de « prendre en compte le réel pour aller à l’Idéal ».

Affronter la mondialisation

Le réel aujourd’hui, c’est la mondialisation dont les caractéristiques se complexifient chaque jour.
Dans ce paysage en constante mutation, l’avenir pour notre pays est sombre -notre PIB par habitant est aujourd’hui 30% inférieur à celui des Etats-Unis. Le retard de croissance cumulé depuis 1991 représente pour chaque Français un manque à gagner de 1800 euros par an, 15% du SMIC net annuel. Notre économie repose très largement encore sur des produits de plus en plus de moyenne, voire de basse technologie, en concurrence avec ceux des pays émergents et s’engage ainsi dans le cercle vicieux de la paupérisation : délocalisation, pression sur les bas salaires et les droits sociaux, désinvestissement dans la formation, dégradation de l’environnement.
S’ils veulent pouvoir porter un projet de défense du pouvoir d’achat, de maintien de la protection sociale, les socialistes ont donc à dire comment la France peut réagir. Et ils ne trouveront de crédibilité que s’ils opèrent une véritable révolution culturelle par rapport au monde de l’entreprise.

Maîtriser la dérive spéculative de l’économie internationale

Nous sommes certes fondés à dénoncer un certain nombre de dérives du monde actuel :

- Une carence patente de la gouvernance dans le cas de la Société Générale de EADS.
- La démesure de certains patrons lorsqu’ils s’accordent des revenus exorbitants alors même qu’ils prônent volontiers la rigueur pour les autres.
- Les parachutes dorés octroyés à ceux là même qui ont failli dans leur entreprise.

Plus généralement, il nous faut constater que le passage d’un capitalisme industriel à un capitalisme financier pose un problème de fonds.

La crise des subprimes dont on a pu voir qu’elle n’était pas qu’un épiphénomène mais qu’elle pouvait déboucher sur une récession mondiale, en est bien sûr un exemple.
Mais plus généralement on peut s’inquiéter du mouvement de glissement des investissements des grandes firmes multinationales au profit d’organismes financiers. Les premiers réalisaient des investissements productifs. Les seconds visent à réaliser des plus values à travers l’achat puis la revente à terme d’entreprises auxquelles ils n’apportent pas de valeurs ajoutées mais dont ils peuvent au contraire entraîner la destruction d’une partie du capital productif. L’époque est donc à la mise en place de nouvelles régulations, dont d’ailleurs sont demandeurs les plus libéraux dès lors que se retourne la conjoncture et que leurs placements spéculatifs tournent à la catastrophe. La crise qui s’annonce aujourd’hui aidera donc ceux qui, comme nous, croient que l’économie mondiale a besoin d’une régulation globale.

Soutenir l’innovation
Mais notre discours serait plus entendu si nous savions, dans le même temps, affirmer le caractère essentiel des entreprises pour l’avenir de notre pays. Car nous savons bien que pour réussir, nous devons nous appuyer sur elles, notamment pour faire émerger l’économie de demain, cette économie de la connaissance qui voit désormais la prééminence de la qualité sur la quantité, de l’innovation sur la rationalisation, de la souplesse et de la rapidité sur la rigidité. Une économie dont le facteur clé réside dans l’immatériel et où désormais le savoir-faire et la capacité créative sont les principaux ingrédients d’un capital humain qui devient la ressource majeure de la réussite.

La gauche doit donc être au côté des créateurs. Elle doit porter une politique favorable à l’investissement des entreprises, à celles qui font la croissance et ne se contentent pas de la rente.

La différence entre la prospérité et le déclin se joue souvent sur un demi-point d’écart de croissance accumulé pendant des années ou des décennies. D’un cycle à l’autre, notre économie ne doit pas manquer de ce supplément qui permet que le chômage n’augmente pas, que les comptes publics ne se dégradent pas et que nos entreprises restent compétitives.

Aujourd’hui, l’essentiel des créations d’emplois est réalisé par les PME, or celle-ci souffrent d’une politique économique et industrielle qui les ignore trop largement. Ce constat doit nous inciter à être à leur côté, à encourager notamment la croissance des entreprises moyennes qui peinent aujourd’hui à franchir le seuil critique qui leur permettrait de jouer dans l'économie française le même rôle que leurs homologues dans l'économie allemande.

Ce discours-là, non seulement nous le tenons mais nous le mettons tous en pratique au niveau local :
 En développant des politiques favorables à la création d’entreprises, que ce soit au niveau de l’incubation, du financement, d’un immobilier dédié, ou de dispositifs d’accompagnement,
 En essayant d’accompagner nos PME pour les faire passer à la taille supérieure,
 En investissant dans des politiques d’innovation capables de nous différencier par rapport aux pays émergents.
C’est parce que nous partageons ce constat, en tant que responsables locaux que nous nous sommes engagés avec autant de force dans l'émergence des pôles de compétitivité.

Dans nos territoires, l’objet de notre action est global. Il s’agit à la fois :

- de réorienter nos secteurs industriels traditionnels en les fécondant par de nouvelles technologies,
- de nous positionner sur les technologies nouvelles (NTIC, biotechnologies, nanotechnologies, cleantechs …),
- de repenser aussi nos processus de production dans le sens du maintien voire de la relocalisation d’un certain nombre d’activités (cf. le modèle d’entreprise nouveau en réseau mis en place dans le secteur textile).

Ainsi, nous pourrons à la fois défendre nos marchés intérieurs et nous positionner sur les marchés extérieurs.

Car nous n'oublions pas que si la mondialisation nous expose à la concurrence, elle peut aussi nous offrir quelques opportunités. Déjà, on estime que 70 à 80 millions de personnes ont dans chacun des deux pays en émergence, Inde et Chine, un revenu équivalent au revenu moyen des pays européens les plus riches. C'est là l'émergence d'une nouvelle classe moyenne accédant à un pouvoir d'achat mais aussi à un mode de consommation qui se rapproche des standards européens. Les pays émergents continuent par ailleurs à avoir un retard énorme en matière d’infrastructures, en particulier pour tout ce qui est équipement des grandes villes en matière de réseaux d’eaux, d’assainissement, de transports. Il y donc a de belles opportunités pour nos entreprises et en particulier pour nos grandes entreprises.

La mondialisation n'est donc pas forcément synonyme seulement de pleurs et de douleur, elle peut permettre au contraire le progrès simultané des uns et des autres.

Investir dans l’Université et dans la Recherche

Tout le défi pour nous est de passer d’une économie d’imitation qui perd des emplois à une économie d’innovation qui créée de la richesse. Il suppose, bien évidemment un investissement massif dans l’enseignement supérieur et la recherche. Les Socialistes se doivent donc d'être porteurs d'une politique ambitieuse en ce domaine.

La France consacre aujourd’hui 1,1% de son PIB à l’Enseignement Supérieur c'est-à-dire un montant inférieur de 25% à la moyenne des pays de l’OCDE, inférieur de 40% à la Suède et inférieur de 50% aux Etats-Unis. Le sous-investissement dans l’enseignement supérieur se retrouve dans la recherche où au cours de ces dernières années les crédits affectés à la recherche publique sont passés de 1% à 0,8% du PIB. Il nous faut donc donner une vraie priorité à la recherche publique mais aussi à la recherche privée en soutenant cette dernière par des mesures fiscales, en faisant surtout en sorte que tombent définitivement les barrières qui peuvent subsister entre les deux.

Notre outil de recherche et d’innovation doit trouver sa traduction en start-ups. Là comme ailleurs l’exemple existe, il suffit de s’en inspirer et de mettre en place les synergies recherche / industrie. Cela existe dans les pays scandinaves. Nous pourrions aussi nous inspirer d’un petit pays comme Israël, qui, avec à peine 6 millions d’habitants est classé deuxième au Nasdaq.
Notre système de recherche est vertical. La science moderne fait appel à des disciplines différentes. Ses succès sont le résultat de coopérations interdisciplinaires. Il est urgent de décloisonner, de multiplier les occasions d’échanges et d’informations mais aussi de sensibiliser l’opinion et en particulier la jeunesse, à l’intérêt de la science. Au Royaume-Uni par exemple la télévision joue un rôle de premier plan en ce sens. Or ce problème est fondamental quant on sait que la Chine produit aujourd’hui 500 000 ingénieurs par an et que la France et l’Allemagne réunies n’en produisent que 80 000.
Les scientifiques français sont prêts à s’engager dans cette action. Il faut les mobiliser.

Il faut enfin donner à notre recherche une dimension européenne.
Dans l'optique de la stratégie de Lisbonne qui a pris tant de retard, il nous faut donc militer auprès des institutions communautaires pour un renforcement prioritaire des programmes de recherche et développement, en liaison avec les pôles de compétitivité. Car, en ne consacrant que 1,85% du PIB à la recherche, l’effort européen est 50% moindre que celui des Etats-Unis et du Japon. On ne s'étonnera pas dès lors que l'Europe prenne économiquement du retard sur ces deux pays. On peut même s'inquiéter en voyant la Chine amorcer son décollage technologique avec un effort de recherche qui augmente de 10 % par an. Car une chose est sûre : pour résorber les déficits publics, il faut que notre commerce extérieur cesse d’être structurellement déficitaire. Personne ne peut vivre en achetant plus qu’il ne vend. Il faut impérativement faire rentrer de l’argent en France.
Et ce ne peut être avec des produits de milieu de gamme et nos rares secteurs où la France excelle (luxe, agro-alimentaire et – pour combien de temps – aéronautique). Notre pays sait mal valoriser ses inventions et force est de reconnaître que les dispositifs financiers mis en place à cet effet restent relativement peu opérants. Si elle attire facilement les capitaux étrangers, le problème se posera à terme de la nationalité des entreprises. Sur ces problèmes une réflexion doit être menée avec ceux des pays européens qui partagent nos préoccupations. Faute de quoi nous n’aurons à offrir aux jeunes générations que des emplois de « services à la personne » et notre pays sera devenu un musée.
A suivre...

Première partie "Ce parti, nous l' aimons, nous voulons qu' il gagne !"
Seconde partie "Affronter la mondialisation"
Troisième partie "Réconcilier dynamique économique et progrès social"
Dernière partie "Différencier projet et programme"

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