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La ligne claire : le texte du projet présenté par Gérard Collomb

On connaît enfin le texte du projet de contribution "La ligne claire" présenté par Gérard Collomb. Des modifications sont encore susceptibles d'être apportées par les signataires à ce texte jusqu'à son dépôt officiel.

Voici le texte :

L'urgence de notre congrès : faire surgir une pensée réformiste.
Si nous nous sommes rassemblés pour écrire cette proposition, c’est que le Congrès de Reims nous semble démarrer sous de mauvais auspices.

Ce Parti, nous l’aimons. Nous voulons qu’il gagne !
Pour cela, il faut fédérer, rassembler, réfléchir ensemble, c’est pourquoi, rien ne serait pire que de nous engager, quatre ans à l’avance dans un combat qui n’aurait d’autre objet que de pré-désigner notre candidat.
D’abord, pour garantir le bon déroulé du congrès : les manœuvres d’appareil risqueraient fort de l’emporter sur le débat d’idées.
Ensuite parce que, pendant quatre ans, le PS courrait le risque de s’autodétruire dans un combat de personnes alors qu’aujourd’hui l’enjeu essentiel est de définir une ligne politique claire susceptible d’être entendue des Français.

Commençons donc par tirer les enseignements de notre histoire :

Nous avons compris désormais que ce n’est pas d’abord la personnalité de nos candidats qui les a fait perdre lors des dernières élections présidentielles. Il ne pouvait y avoir plus différent que Lionel JOSPIN et Ségolène ROYAL.Ce qui nous a conduit à l’échec c’est l’absence de lisibilité de nos propositions. Les Français, plongés dans un environnement qui les inquiète et semble les placer sur la voie de la régression, ne nous ont pas fait confiance pour répondre aux enjeux du monde d’aujourd’hui.
Et ce qu'ils attendent du Parti socialiste, ce n'est donc pas, comme certains le suggèrent, qu'il radicalise encore son discours mais qu’il prenne en compte les changements du monde d'aujourd'hui, et qu'il soit à même d'apporter une réponse concrète, pour améliorer leur vie quotidienne.


La Gauche a longtemps vécu sur un certain nombre de certitudes. Elles se sont effondrées.L’Utopie Communiste incarnée dans les pays du Socialisme réel s’est abîmée dans un double naufrage : naufrage des libertés et naufrage lié à son incapacité à supporter la concurrence avec l’économie de marché.
La pensée social-démocrate dont nous sommes issus a été évidemment beaucoup plus fertile dans sa volonté d’intégrer libertés, justice sociale et performance économique. Son modèle en a été la « Social-démocratie » scandinave. Il a marqué une partie des pays européens. Mais l’internationalisation de l’économie et par voie de conséquence les limites des politiques économiques développées dans le cadre de l’Etat Nation sont venues en marquer les limites.
D’une certaine manière, l’histoire de notre parti en est une parfaite illustration : arrivés au pouvoir sur des politiques de relance, nous avons finalement été contraints d’accepter le «tournant de la rigueur» qui ne marquait pas une simple parenthèse mais actait un tournant dans l’Etat du Monde.

Être de Gauche, être Socialiste suppose d'abord de penser le monde dans lequel nous vivons pour ne pas être contraint de subir «le cours logique du monde tel qu’il va».Nous continuons à être portés par un idéal de progrès, de justice sociale, d’épanouissement de la personne humaine. Nous ne résignons pas à accepter le monde tel qu’il est aujourd’hui. Nous voyons bien chaque jour l’insupportable souffrance de pans entiers de notre société, nous constatons l’inquiétude de couches moyennes de moins en moins confiantes dans leur avenir. Plus grave, nous sentons le recul constant des valeurs de solidarité, de respect, de service (notamment public) dans notre société. Nous voyons bien que la France vit une crise culturelle de ses valeurs républicaines fondatrices.
Le culte de l’argent et de la réussite individuelle ne peuvent résumer seuls l’avenir d’un pays, en fonder le lien social. Portant plus loin notre regard, nous mesurons l’ampleur des inégalités qui se creusent partout entre les pays, mais aussi à l’intérieur de chaque pays.
C’est fort de nos expériences qu’il nous faut désormais « penser le monde en mouvement » pour regagner l’hégémonie intellectuelle qui seule nous permettra de gagner les nouvelles batailles politiques. Nous voulons que le Parti Socialiste redevienne le parti de la pensée. Une pensée que nous avons délaissée depuis trop longtemps et qui pourtant s’impose. Car nous savons tous qu’une page s’est tournée.
A ne pas le faire, nous devenons conservateurs. A ne pas le faire nous perdons la capacité à dessiner des perspectives. A ne pas le faire, nous laissons des femmes et des hommes désabusés quant aux propositions que nous leur présentons.
Certains sont dès lors tentés par les discours de radicalité que peut leur tenir l’Extrême Gauche. Non qu’ils croient en la capacité de celle-ci de proposer un projet alternatif à l’ordre (ou plutôt au désordre du monde actuel) mais ce radicalisme leur apparaît le plus susceptible de porter leurs protestations devant une réalité porteuse de régression pour leur propre vie et pour celle de leurs enfants. L'histoire nous le montre. C’est toujours quand les Socialistes sont faibles que se développent des discours radicaux.
Une autre partie de nos concitoyens, lassés de nous entendre répéter les mots anciens sera tentée par le discours réformiste de François BAYROU. C'est déjà largement ce qui s'est passé lors des dernières présidentielles.

Il est donc urgent que le Parti Socialiste redécouvre un langage conquérant adapté au monde d’aujourd’hui. C’est de cette manière que nous retrouverons le meilleur de la tradition du socialisme : celui d’un socialisme clairement réformiste. Il nous faut pour cela redonner un sens au beau mot de réforme et non le laisser détourner comme on a tenté de le faire avec le nom de Jaurès ou de Guy Mocquet.

Le dilemme devant lequel nous sommes, le décalage entre des discours anciens et un monde qui change n'est pas nouveau, il a marqué toutes les étapes de l'histoire du socialisme.
Ce fut, dans le Socialisme Français, l'apport fondamental d'un Jaurès capable de transgresser un Socialisme figé pour intégrer les valeurs de la République dans la pensée socialiste. Ce fut son combat en faveur des Dreyfusards dont il a montré qu'il n'était pas un combat bourgeois mais un combat pour l'Homme auquel les Socialistes se devaient de participer.
Ce fut, à l'intérieur du mouvement social-démocrate, l’intégration de politiques keynésiennes pour construire des politiques économiques conjuguant justice sociale et efficacités économiques.
Le temps est venu d’affirmer un nouveau réformisme capable de prendre en compte le mouvement du monde d’aujourd’hui :
. Celui des révolutions scientifiques et techniques qui marquent notre époque,
. Celui d’une globalisation économique qui bouleverse les rapports entre les acteurs économiques et politiques,
.Celui de l’émergence de nouveaux pays qui jouent un rôle grandissant sur la scène mondiale,
.Celui des déséquilibres démographiques qui marquent notre planète et viennent percuter de plein fouet chacun de nos pays,
.Celui de ce « moment écologique » où pour la première fois l’homme se trouve confronté à un monde fini et à des ressources limitées,
.Celui, enfin, du changement de nos modes de vie que ces différents facteurs ont révolutionnés.

Une démarche portée par les acteurs de nos territoires

Cette volonté réformiste affirmée, on pourrait nous demander en quoi notre position de responsables locaux nous donne quelque légitimité à la porter. N'y aurait-il pas derrière notre démarche la défense d'un localisme étroit, d'un socialisme "municipal" borné ?
Ce serait ignorer ce qu'est la réalité de nos villes et de nos territoires aujourd'hui, ce serait méconnaître une histoire dont ils ont toujours été porteurs.
Dans son livre "Le pouvoir des villes", l’urbaniste Jean Haëntjens reprend une expression de Fernand Braudel sur les "Villes lièvres" et "l'Etat tortue". Fernand Braudel résume parfaitement l’une des caractéristiques majeures de notre système politique européen : Les Etats ont la puissance ; les villes ont la créativité.
Depuis l'Antiquité grecque, les Cités ont toujours été à la pointe de l'innovation. Ce sont elles qui ont été à l'origine des deux principaux piliers de notre monde occidental : démocratie et échange marchand, prémices du développement du capitalisme.
La capacité inventive des villes tient d'une certaine manière aux mêmes raisons que celles des PMI : réactivité, souplesse, positionnement concurrentiel, capacité à créer du désir.
L'essor des villes a d’ailleurs toujours été concomitant de cycles d'innovations technologiques. Cela a été le cas au XVIe siècle où aux premières grandes inventions -imprimerie, boussole- correspond un âge d'or des grandes cités européennes. Cela a été vrai au XIXe siècle, où elles ont fortement accompagné
le développement de l’industrie. Les villes ont donc toujours joué un rôle novateur, chaque fois que la société doit changer de modèle de référence. Tout indique que nous sommes engagés, depuis les années 1980, dans un troisième cycle d’un renouveau des pouvoirs urbains correspondant à la nouvelle révolution scientifique en cours. Les villes sont à nouveau en mouvement. Elles sont aujourd’hui en première ligne pour inventer un nouveau modèle de développement durable sur le plan économique, social et écologique.
Ce renouveau se traduit partout dans le monde par un accroissement significatif des compétences des villes, par un foisonnement d’innovations dans tous les domaines: innovation économique, lutte contre le réchauffement climatique, recherche d’une nouvelle cohésion sociale, mise en place de formes plus abouties de démocratie participative.
C'est pourquoi nous nous sentons quelque part fondés à intervenir dans le débat politique national pour contribuer à inventer, à partir de notre expérience de la gestion de nos territoires, un projet nouveau prenant en compte les mutations du monde. Car ces mutations, nous en sommes à la fois, au niveau local, les premiers spectateurs et même les premiers acteurs.

A suivre...

Première partie "Ce parti, nous l' aimons, nous voulons qu' il gagne !"
Seconde partie "Affronter la mondialisation"
Troisième partie "Réconcilier dynamique économique et progrès social"
Dernière partie "Différencier projet et programme"

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